Tourisme Solidaire de demain : Une utopie ou un rêve en cette période d’épidémie ?

Le Tourisme Solidaire trouve son essence dans le soutien qu’apportent les pays du Nord développés aux pays du Sud d’une manière plus efficace, saine et durable. Puis, cette vision s’est étendue dans les pays vulnérables de l’Est de l’Europe et en Asie.

Cette volonté est souvent mal comprise par les acteurs « traditionnels ». Ils ont leur version de tourisme solidaire  en agissant de manière sporadique, peu profonde et souvent avec des effets négatifs que nous savons tous : dépendance totale de l’économie au tourisme, folklorisassions de la culture, perte d’identité culturelle, des dons ou soutiens qui provoquent la mendicité,…

Les nouveaux acteurs veulent agir différemment en cohésion avec la vision du développement durable et de l’économie solidaire :

Ils veulent ainsi toucher les régions à l’écart du système traditionnel, passer plus de temps pour comprendre,  mener des actions plus ou moins modestes mais surtout qui durent dans le temps, faire interagir les acteurs locaux en leur confiant des rôles plus conséquents, responsabiliser les femmes et soustraire les enfants des actions de production qui les éloigneraient de l’école et de la possibilité de s’épanouir.

Ces préoccupations sociales ont permis de comprendre que les actions de développement menées de manière objectives sont très bénéfiques pour la population locale : soutenir la pêche, l’agriculture verte, l’artisanat, les échanges locaux ont un effet à long terme sur l’économie d’une petite localité. Elle a d’autant plus de charmes quand on remet au parfum du jour les techniques anciennes, les savoir-faire laissés par les ancêtres que ce soit au niveau culinaire ou au niveau des techniques de production comme la pêche ou la maîtrise de l’irrigation d’une culture. L’amélioration qualitative ou quantitative de ces filières oubliées peut mettre le tourisme au second plan, comme complément de revenu. En plus, elle établit une relation plus saine entre le visiteur et le visité : l’hôte qui fait visiter son champs, son atelier ou sa nasse et accueille ainsi de façon digne son invité.

Les Nouveaux grands voyageurs  sont friands de ce nouveau visage du tourisme : passer plus de temps avec la population locale, ou du moins, si le temps leur manque, consacrer un moment d’échange intense mais profond et sincère avec des acteurs originaux et ouverts. Ils veulent repartir avec une idée d’authenticité et de sincérité. De là peut naître une nouvelle forme d’action de soutiens et d’échanges.

La crise de COVID-19 a mis à nu une pratique désuète du tourisme traditionnel. La prépondérance des activités uniquement ludiques se trouve tout à coup mis à l’épreuve par la paralysie des transports aériens, par la langueur des voyageurs contraints de rester chez eux. Les pays du Sud qui dépendaient exclusivement du Tourisme généraliste se trouvent tout à coup face à leur nouveau destin, désorientés comme des orphelins abandonnés par leurs parents adoptifs. Ils n’ont de solution que de se tourner vers leurs propres ressources comme un repli sur soi.  Mais il faut le voir du bon côté, pas uniquement pour positiver la situation, mais cette crise aura permis à ces pays de reculer pour mieux sauter et façonner leur destin avec leurs habitants. Ces pays doivent tirer une leçon et savoir produire pour sa population avec les ressources  dont ils disposent et ne plus  dépendre exclusivement des produits d’importation, des exportations des monocultures, d’un tourisme prédateur et privant la population locale de sa ressource.

Le réveil sera douloureux parce que cette Pandémie ne laissera pas un monde intact malgré la volonté de tous de s’en sortir. Même si nos habitudes, nos repères vont changer, et malgré la marque profonde qu’elle laissera sur la biodiversité et la Société, le Tourisme solidaire de demain aura le mérite d’exister. Il récompensera les pays qui sauront sortir de cette crise avec plus de lucidité, et qui sauront inciter leur peuple à la créativité, à l’autodétermination et à la création de richesse durable.

Tout le monde aura compris que remodeler la Société de demain ne peut pas exclure de remodeler le tourisme Solidaire lequel devra plus se consacrer sur le soutien au développement et à la création de vraies richesses localement.

Lanto RAZAFIMAHATRATRA

Secrétaire Général

ANTSO RE